jeudi 25 décembre 2008

Brûler après être en train de lire


Tout est dans le titre. Pour une fois.

Après le plastiquement réussi No country for old men, voici le nouveau fim des frères Coen, plus cohérent avec leur filmographie. Un film où l'on retrouve des Brad Pitt ou des Clooney.

On pourrait s'attarder, mais le film ne se prête que très peu à une critique formelle. Le film est léger, dans l'ensemble plutôt drôle, et surtout ridiculisant.

La galerie de portraits est assez sidérante, la volonté du récit ridicule trouve toute sa plénitude dans l'antagonisme du milieu choisi pour l'intrigue: la CIA.

Frivole et léger, un assez bon moment à passer.

... on ne peut pas toujours chroniquer des chefs d'oeuvre !

lundi 22 décembre 2008

Les plages d'Agnes


Je crie au prétexte ! Les plages d'Agnès, avec un tel titre on s'attend à voyager d'Acapulco à Tahoma Beach, en passant par Ipanema ou Long Bay Beach, à voguer d'Honolulu aux Seychelles en survolant les Philippines ou la côte d'Emeraude. Mais non, Miss Varda nous réserve son 5 à 7 à elle, pour nous conter, avec le talent que seules les personnes sages peuvent avoir, l'histoire de ses plages certes, mais avant tout l'histoire d'Agnès, l'histoire de ses films, l'histoire de ses amis, l'histoire des projets d'Agnès. Elle n'est plus toute jeune la seule réalisatrice de la nouvelle Vague, conseillée par son mari, Jacquot de Nantes Demi, aux producteurs d'A bout de Souffle, dans une lignée de films à petits budgets qui gagnent gros. Véritablement, nous sommes bercés, pris, scotchés par un récit posé, malin, construit et déconstruit tout à la fois, tout en humour et émotion. Une tendance à l'auto-mise en scène, qu'elle n'a jamais désavouée, et qu'elle nous explique encore dans la lecture de certains détails de ses films.

Ce film documentaire nous fascine comme rarement; Hugo disait "Quand je vous parle de moi je vous parle de vous", et nous ne pouvons que le constater ici. Agnès nous parle d'elle, mais cela nous parle; si l'on a vu ses films on s'en félicite, si l'on s'attache aux gens, si l'on met en avant l'amitié on se retrouve dans les amitiés d'Agnès, si l'on aime son quartier ses Daguerrotypes nous touchent, si l'on vient de perdre un proche, nous nous associons aux pertes des siens.

Exercice sur la mémoire, hymne à la conservation, hymne à la culture d'un univers personnel, éveil à l'art, invitation à forger son propre destin.

Varda est une mamie qui semble roublarde, vivante, son visage est resté intact, son corps s'est arrondi, le centre de gravité s'est abaissé; son esprit reste inventif et vif, emprunt de son humour tout personnel et souriant à la vie. Ses amis s'en félicitent et lui offrent la plus belle collection qui soit de balais, pour sa double quadragénie. Optimisme général ?

Pas nécessairement, et cela est sans doute le bémol à cette très belle oeuvre, sans en être véritablement un, Agnès nous donne l'impression d'être rescapée, mais aussi à l'heure du bilan.

Ce résumé sonne parfois testament, et Agnès de conclure:

"Je me souviens tant que je suis vivante.".

Conjurons avec elle et admirons ce très bon opus.


jeudi 18 décembre 2008

Le top de l'année

1 Valse avec Bachir
2 Stella
3 Entre les murs
4 Le silence de Lorna
5 Tokyo
6 La fille de Monaco
7 La belle personne
8 La frontière de l'aube - Le premier venu - Juno
9 Julia
10 Seraphine
11 Be happy
12 Desengagement
13 Two Lovers - Un Conte de noel
14 Deux jours à tuer
15 Française

Le top de l'année (Emilie)































Intervention Divine, d'Elia Suleiman

Elia Suleiman dans Intervention Divine.

Il est dit qu'Elia Suleiman est un des plus grands cinéastes de ce monde. C'est vrai.
Pourtant, il n'a fait que deux films -dont le 1er s'intitule Chronique d'une disparition (1996)- et aussi un moyen métrage : Cyber Palestine (2001).
Intervention divine (2002) "chronique d'amour et de douleur", sous fond de conflit israëlo- paslestinien, suffit à le faire entrer dans le Panthéon et connaître du monde entier. L'oeuvre est du genre marquante : on en garde à jamais des images imprimées dans le cerveau. Un père Noël poursuivit par une horde de jeune gens, une belle jeune femme (ah, Manal Khader !) dont le seul passage fait exploser un check-point, un duel par les yeux sur fond de Natacha Atlas, un noyau d'abricot jeté négligemment qui pulvérise un tank, un ballon rouge à l'effigie de Yasser Arafat narguant des soldats israéliens et survolant Jérusalem tout entier, une ninja girl symbole de la Palestine en combat surréaliste dans une des scènes d'action les plus impressionnantes de l'histoire du cinéma tout entier... sont autant de tableaux que l'on retient à jamais dans nos rétines éblouies. On a comparé Suleiman à Buster Keaton (car il joue aussi dans son oeuvre) pour son côté clown impassible. Nous le rapprocherions de Luis Bunuel des années 60-70 pour le côté politico-suréaliste. mais en définitive, son style est indescriptible et unique. Il faut le voir, tout simplement.
A l'occasion d'une projection inaugurant le Festival Travelling -qui fête là ses 20 ans et aura lieu à Rennes au mois de Février- nous avons eu le bonheur de revoir le film sur écran. Il fait partie de la programmation ayant pour thème la ville de Jérusalem. Fait exceptionnel le festival se poursuivra à Ramallah. Elia Suleiman, immense cinéaste donc, de nationalité palestinienne, sera, inchallah, présent à Travelling. Il monte actuellement et enfin son futur film à Nazareth. Si vous n'avez pas l'occasion d'être présent pour Travelling, n'hésitez pas à vous procurer le DVD d'Intervention Divine, et, pour vous donner un avant goût, voici la bande-annonce.


Travelling la programmation se dévoile déjà ...

Avant première au Tambour ce soir ...
Roulement de tambour ... le rideau s'ouvre avec Elia Suleiman, Intervention divine; allégorique.
Zoom panoramique sur Jerusalem pour cette vingtième.
Mais gardons le voile sur la programmation, nous vous la ferons découvrir progressivement ...
Amos Gitai, Elia Suleiman, Valse avec Bachir, Pasolini, les Monthy Python, Scorcese, les frères lumières ...
Comme à son habitude Travelling nous fera faire le tour de la ville, nous la fera découvrir sous ces différents jours, sous ces différentes nuits, et plus que jamais selon tous les points de vue (ici pas de guerre, Palestiniens et Israeliens sont diffusés côte à côte), de 1897 à nos jours.
Gageons d'ores et déjà que cette vingtième ne nous décevra pas.

dimanche 14 décembre 2008

Le top 10 de l'année (Fred)

Je ne mets que les films que j'ai pu voir ...

1 Stella de S. Verheyde
2 Entre les murs de L. Cantet
3 Valse avec Bachir de A. Folman
4 Le silence de Lorna des frères Dardenne
5 Juno de J Reitman
6 Julia d'E. Zoncka
7 Séraphine de M. Provost
8 Be happy de M. Leigh
9 Désengagement d'A. Gitai
10 Le premier venu de J. Doillon

Si on devait continuer ...

11 Tokyo de M. Gondry, L. Carax, B. Joon-Ho
12 Deux jours à tuer de J. Becker
13 Un conte Noel

Mention à suivre: Hunger

vendredi 12 décembre 2008

Leonora, le cinéma argentin déçoit

Leonara
Leonora, un film présenté à Cannes, avec Elie Medeiros, toi toi mon touawoua, Martina Gusman compagne dans la vie de Pablo Trapero, réalisateur, produit par Walter Salles. Ce billet sera court. Ce film a reçu dans l'ensemble de bonnes critiques, et en mérite donc quelques unes d'avis contraire.
Si le sujet pouvait se prêter à un bel exercice cinématographique, ici, l'essai est plutôt manqué, faute à un rythme non trouvé, à une déperdition, à une temporalité mal maîtrisée, La cienaga sans moiteur, sans érotisme, Hunger sans âpreté, sans force, Elie sans Jacno, jouets bien odorants, Pablo Pas Trop Picasso.
Un film nu, aile perdue.
Non j'exagère, un film tout simplement quelconque, assez creux.



Allez bisou quand meme ...Elie et Martina embrassent Pablo

mercredi 10 décembre 2008

DVD Roselyne et les lions

Le cinéma de Beineix
Beineix, 37°2 le matin, IP5, vous connaissez quasi obligatoirement, de nom au minimum. Beatrice Dalle, Jean-Hughes Anglade d'un côté , Yves Montand de l'autre pour deux excellents films qui lui ont valu succès. Vous connaissez peut être aussi Diva ou la lune dans le caniveau. Mais Jean-Jacques Beineix est pourtant rarement cité comme un grand cinéaste français, la faute à l'époque transitoire qui voyait Besson triompher de ses Nikita et autres Subway, précurseur des Kassovitz.

Beineix plane, on garde de lui l'image d'un cinéaste irrévérencieux, inégal, adepte des récits tout en longueur. Aujourd'hui monsieur se consacre principalement à la production. Et pourtant ...



En puisant dans sa cinématographie injustement oubliée, il y a pourtant matière à se réjouir. Nous sommes en 1989, entre 37°2 et IP5. La Diva de Jean-Jacques Goldman, Carol Fredericks, nous entonne un air patriotique, remixé façon zoo, pour entamer le show, l'entrée des lions dans l'arène. Au milieu, Isabelle Pasco, égérie toute trouvée d'un jeune apprenti dompteur, inadapté aux raideurs, aux rigidités du système scolaire, sans pour autant être un incapable; image tout à la fois de Beinex jeune, du véritable personnage ayant inspiré ce film: Thierry Le Portier mais aussi reflet troublant d'un acteur méconnu, qui rappelle par certains airs un Dominique de Villepin (Gérard Sandoz) imaginaire. Rassurez-vous Isabelle Pasco campe une Roselyne autrement plus sensuelle que notre actuelle ministre de la santé et du sport.

La critique fut féroce à l'époque, comme un lion en cage, en chaleur. Seul un dompteur d'excellence peut appréhender la bête. Le film, dans sa version intégrale évoque tour à tour des sujets aussi divers que l'éducation [encore et toujours le conseil de discipline], le courage, l'amour, la volonté, la féérie, le cirque, les rapports fraternels, la prise de conscience de son destin, la magie du spectacle, le non fondé des a priori, et présente une mise en abîme intéressante; monsieur le professeur d'anglais, oh combien singulier et réjouissant Bracquart (Philippe Clévenot) se plaît à compter les aventures du jeune Thierry et de sa muse Roselyne, comme Thierry Le Portier avait lui même inspiré ce film à Beineix. Humeur, humour, amour, cocktail permanent pour émouvoir en permanence dans un récit suant la sincérité, l'intelligence, l'humanisme même. Très authentique. Film injustement oublié.



mercredi 3 décembre 2008

Hunger: Affamé

hunger
Steve Mc Queen, cela vous dit-il quelque chose ? Papillon peut être ?
L'univers carcéral ... en deux temps deux mouvements.
L'erreur judiciaire et les conditions inhumaines du bagne, les châtiments qui y sont appliqués, tout d'abord.
Oui, on peut dire cela.
L'aventure, et les spectaculaires évasions dans un second temps.
Non,
Cayenne ?
Non prison de Maze, Irlande du Nord.
Acteur américain. Non, réalisateur irlandais.
Le comparaison n'est en fait motivée que par la seule homonymie, car pour le reste, papillon et hunger ne se ressemblent pas vraiment, ni n'ont d'intérêt à être catalogués dans les même bacs, si ce n'est ceux des films plutôt réussis.

La critique ne tarit pas d'éloges (prix à Cannes notamment) sur ce "Hunger", âpre, dur, violent même, cru, au propos politique dénonciateur, épuré. Impressionnant, radical, mais d'une façon très différente de la radicalité d'un conteur, tel Von Trier, non là nous sommes devant un effacement du conte devant la réalité, celle des années tatchériennes, et de la politique sans compromis vis à vis des opposants politiques, pro IRA. Mc Queen fait preuve d'un réel don pour captiver, pour filmer l'indicible; s'il préfère bien souvent montrer plutôt que suggérer, il joue d'indices de ci de là pour tramer davantage. Nulle musique nécessaire, les cris d'horreur suffisent.


hunger horreur
Radical et jusqu'au boutiste comme il faut l'être pour entamer une grève de l'hygiène de des couvertures, de la faim, pour mener un combat idéologique. On devine une grande exigence, et l'on apprend que le moindre détail à compter, jusqu'à la luminosité du jour et de l'heure de tournage.
A découvrir en tout cas, pour la force qui s'en dégage, et nous attendrons le prochain film de Steve Mc Queen pour savoir si, comme pour ce premier essai, au registre très particulier, à la qualité indéniable, il parvient à maintenir ce niveau d'exigence dans un contexte autre, ou si au contraire il va se spécialiser dans les dénonciations sociales.