vendredi 20 mars 2009

Coco numéro 0

Coco, un personnage "éclatant"

Alors il est comment le prochain film de Gad Elmaleh ?
Gad est beau, Gad est intelligent, Gad est drôle sans jamais être vulgaire, et désormais Gad est réalisateur et incarne Coco.
Coco, rien à voir avec Chanel, ni Cocorosie ou quoi. Coco, à l'instant de Chouchou, est un personnage d'un des spectacles de Gad, vous savez, ce type qui veut faire de la Bar Mitzvah de son fils un événement national, voire internationnal, sinon planétaire.
On retrouve donc ce personnage au sobriquet aux deux syllabes identiques dans un long métrage, qui, comme son personnage, a de gros moyens.
Gad Elmaleh passe donc à la réalisation, une réalisation plus rythmée et plus pro que Chouchou, avec le jeune comique Manu Payet, l'inénarable Jean Benguigui, Enrico Macias (qui avait joué dans La vérité si je mens 2).
Malgré cela, rien n'y fait. Le film de décolle pas, on rit peu, on sourit plutôt. Hormis le pitch de base, pas grand chose de plus dans le scénario, les enjeux dramatiques sont pour ainsi dire inexistants et donc les moments dits d'émotion ne nous font rien puisqu'on n'y croit pas, on n'accroche pas.
Chouchou, à défaut d'être un grand film comique, mettait en scène un personnage pas évident, un travelo d'origine algérienne, et Gad Elmaleh, qui n'était pas encore la superstar d'aujourd'hui , risquait beaucoup, et faisait d'un sujet habituellement tragique et marginal au cinéma un film fédérateur, qui, mine de rien, enseignait une certaine tolérance (Gad est aussi une immense star au Maroc et être travelo au Maroc ce n'est pas... évident). Coco, juif séfarade d'origine marocaine qui est parti de rien pour arriver à tout, n'arrive pas à nous toucher dans sa volonté de "montrer". Ce trait qui devait être émouvant -et qui pourrait être un rien autobiographique, toute proportion gardée, Elmaleh n'est pas du genre bling-bling- ne nous touche pas. La vérité si je mens 1 et 2, ou Comment t'y est belle, entre autres, ont surexploité les séfarades bigger than life qui jurent sur la vie de leur mère, portent des sapes dorées et se la donnent un max ; et ce qui faisait rire dans le sketch éponyme était justement que Coco exagérait tout ce qu'il disait, on n'imaginait pas que Spielberg vienne filmer la Bar Mitzvah de son fils etc... En gros c'était le côté "marseillais" et mauvaise foi du personnage qui faisait rire, sans compter que la durée d'un sketch n'est pas celle d'un film. Dans Chouchou, il y avait, pour répliquer à Gad, deux très bons acteurs dans deux bons personnages forts : Roschdy Zem en Frère Jean (ex-caillera devenu curé après avoir vu la Vierge) et Alain Chabat en amoureux transi d'une fille-garçon. Pour Coco, on a une apparition clin d'œil autobiographique de Depardieu, mais les autres personnages ou acteurs ne sont pas assez travaillés et font figure de faire-valoir.
On retrouve des gimmick -"Tu m'as éclaté !"- qui prendront sans doute le relais de "J'adoooore les sushi", l'humour de Gad n'est pas cradingue (ça fait plaisir), mais un immense comique de One man show (dont le premier spectacle, Décalages, est sans doute le meilleur et le plus touchant ) ne fait pas un grand comique de cinéma, encore moins un grand réalisteur de films comique (le genre le plus casse-gueule, doit-on le rappeler). Imagine-t-on De Funes, qui n'était jamais aussi drôle que filmé en gros plan, aussi tordant tout seul sur scène ?
De plus, on est surpris et un rien agacé de retrouver dans ce film des bons sentiments à l'américaine (dans les scènes avec le fils, la femme), limite La petite maison dans la praire version riche, sentimentalisme dont Elmaleh, pourtant, se moquait sur scène.
Mais malgré cela, on se doute bien que le film, dont les réservations en avant-première éclatent tout les records, va cartonner en salles comme l'a fait Camping, Les 11 commandements, Brice de Nice, Disco ou... Chouchou.

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