jeudi 3 septembre 2009

Inglorious basterds ****: Tarantino retrouvé puis de nouveau perdu

Excellent film!
Voilà ce que l'on dirait d'Inglorious Basterds, après avoir vu la première heure et demie. Un cinéma intelligent, fin, presque nuancé ! Des dialogues très bien sentis, une justesse de ton étonnante pour un propos tout à la fois caustique et grave. Un film particulièrement bien renseigné, fouillé. Il en ressort un plaisir visuel et sensuel, nous voyons un très bon film, Quentin Tarantino nous reprouve son talent, s'affirme en très bon cinéaste, son génie ne fait pas de doute. Nous sourions plus que nous rions, mais nous sommes captivés, stupéfaits, admiratifs parfois devant les plans, discours, situations, le tout avec un brio manifeste pour tout ce qui touche au rythme, tel un morceau de musique talentueux, le rythme oscille entre accélération, exposition lente, le tout dans un mouvement de caméra parfois cinglant, parfois rotatif, parfois contemplatif.
Parfaite maîtrise et grande justesse. Les références européennes et cinéphilliques de Tarantino sautent aux yeux. Le propos est décousu, la reconstruction historique étonnante, les scalps nous apportent un brin de violence visuel, prétexte au comique.
Quel gâchis !
Est-on pourtant tenté de dire si l'on considère la dernière demie-heure, ou tout explose, ou le scénario tenu se transforme en déferlement de n'importe quoi, certes burlesque, mais oh combien destructeur de l'entreprise de départ. Kill Bill revient au galop, il faut que ça gicle, que le sang coule, que le show soit total, sans recherche de sens,que l'action soit pleine ! Tant pis pour la trame de départ, elle était prétexte à ce grand show où le délire est roi, où la folie assassine s'empare de tous, et tant qu'à revisiter l'histoire, brûlons Hitler, mais pas seulement. Notre bon idiot de service, notre grimaçant Brad Pitt, à la manière d'un Travolta raffolant de Burgers, se cantonne dans un mimétisme simple, dans une ritualisation de ses actions.




Quand l'action et l'usuel viennent à supplanter le fondement de celle-ci, où l'un des procédés comiques dont s'amuse à tord et à travers Quentin Tarantino. Il s'amuse lui de plus en plus. Mais nous de moins en moins.
Au final, ce film nous apparâit bon, les acteurs français, à commencer par Mélanie Laurent, nous apportent une belle composition, Diane Kruger sonne elle aussi juste, nous rappelant que la consonnance germanique de son nom de famille n'est pas usurpée.




Les acteurs américains nous font sourire, le scénario est osé, et la façon de revisiter l'histoire finalement très novatrice. On vous a tout dit sur 39-45, oui, mais si on vous disait ce qui ne s'est pas passé exactement comme ça ?


Belle initiative, dommage finalement que Tarentino ait cherché la conciliation entre deux publics très différents(et pourtant l'entreprise est louable, et parfois réussit à d'autres talentueux cinéastes), les amateurs de pur divertissement et ceux qui se raccrochent à leur vision plus sélective de l'art, plus exigeants sur l'esthétique général, qui aime à retrouver dans les compositions qu'on leur soumet des composantes, dirons-nous, intellectualisantes.

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