dimanche 8 novembre 2009

Les Herbes Folles***




Les Herbes Folles est le nouveau film d'Alain Resnais qui a reçu un prix exceptionnel du jury au dernier festival de Cannes. Le réalisateur agé de 87 ans n'en finit pas de nous étonner, une fois de plus avec cette histoire surprenante, étrange fruit de son imaginaire débridé. Car depuis quelques années on reconnait au fil de ses films les ingrédients de son cinéma : beaucoup de fantaisie, de la folie douce, une place importante accordée à l'imaginaire et un univers visuel fort.



Les Herbes Folles est l'adaptation d'un roman de Christian Gailly "L'incident". Resnais met en scène une femme Marguerite Muir (Sabine Azéma) qui se fait voler son sac à main à la sortie d'un magasin de chaussures. Un homme retraité Georges Palet (André Dussolier) va retrouver un portefeuille appartenant à cette femme et va alors vouloir retouver sa trace, rencontrer cette femme, la connaitre peut être c'est ce qu'on verra. L'histoire nous est racontée par la voix off d'Edouard Baer. On entre alors dans le film comme dans un conte, comme une histoire qu'on raconte à des enfants qui rêvent d'évasion, de surprises voire d'enchantements. Dès le début du film on s'attache à son atmosphère étrange, singulière, décalée. En effet on retrouve le tandem Dussolier-Azéma socle de la famille Resnais qui s'ouvre à de nouveaux comédiens comme Mathieu Amalric, Emmanuelle Devos, Anne Consigny ou encore Sarah Forestier et Nicolas Duvauchelle. Ce qui nous intéresse c'est le destin du couple Dussolier- Azéma, pas tant leur histoire mais plutôt la façon de la raconter, da la mettre en scène. Du point de vue de la mise en scène, Resnais montre une liberté totale qui lui permet toutes les audaces formelles. Par exemple lors d'un déjeuner familial, la caméra s'égare, virevolte sur un air jazzy. On ressent le plaisir de filmer du réalisateur. On est aussi frappé par le traitement des couleurs du chef opérateur Eric Gautier qui avait déja travaillé sur le précédent Coeurs. Son travail rappelle un certain Wong kar Wai. Les couleurs vives donnent un aspect surréaliste au film (la coiffure rouge pétante de Sabine Azéma, Les robes d'Anne Consigny...).




On peut noter également concernant les personnages du film qu'Alain Resnais s'est inspiré des comics. En effet certains sont représentés comme des personnages de b.d, le duo de policiers par exemple ressemble aux dupont-dupont. Alain Resnais crée son propre monde. Il se permet aussi d'inclure une fausse fin dans le film. Cependant on peut se sentir perdu par une narration un peu brouillonne, frustré par le manque d'épaisseur des personnages . On se dit finalement que Resnais à 87 ans expérimente encore et que ce qu'il aime c'est réserver des surprises au spectateur, le déconcerter aussi. Pari tenu.

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