samedi 12 juin 2010

L'arbre: Une cloture à l'image de la sélection *


L'arbre de Julie Bertucelli clôturait cette sélection 2010 à son image. Si le film semblait partir sur des bases intéressantes et donner à la nature une place importante, si la présence de Charlotte Gainsbourg nous rappelait le houleux Antechrist; si Julie Bertucelli nous est conseillée par D. Haudepin dans un troquet de la Bocca, si la photographie tire partie des paysages et techniques australiennes; malheureusement l'intrigue se meurt rapidement, et le rythme choisi s'avère un hymne à dodo. On  s'ennuie. A l'image de la sélection toute entière, l'objet qui nous est donné à voir ne révolutionnera rien à ce qui fut.

L'autre monde un Cinéma poubelle


Faire une critique construite de ce navet ultime serait lui faire trop honneur, nul sur toute la ligne, affligeant, incommensurément anodin et insipide, tout y est raté; et nous ne sommes pas fan du "prince ringard" et de l'arrière train de l'ancienne miss météo de canal dont la ligne très imparfaite aurait du nous mettre la puce à l'oreille. Véritablement à éviter. (Le plus mauvais film donné à voir à Cannes avec Kaboom).

L'étrange affaire Angélica * Oliveira pour une fois décoit

Nous avions beaucoup aimé "Singularité d'une jeune fille blonde" pour sa fraîcheur, sa causticité, et le regard tout à la fois amusé et curieux du maître lisutanien. Cette fois, le parti pris anti-moderne est toujours à louer. La volonté de nous dresser le portrait d'un original abandonné à sa passion pour la photographie - le maître lui même ? séduit, tout comme quelques savoureuses discussions autour de sujets qui assouvissent la curiosité d'Oliveira l'érudit toujours en quête de nouvelle connaissance. Mais dans l'ensemble l'imagerie nuit au film, quelques effets peu spéciaux déservent plus le récit qu'ils ne l'agrémentent et la trame est somme toute convenue. L'effet bluette malicieuse n'opère pas comme dans "Singularité d'une jeune fille blonde".
Dommage, car Cannes a rendu hommage à Oliveira, et nous aurions aimé dans ce papier rendre hommage aussi à l'oeuvre toute entière au travers de la plus récente, mais nous préfèrons l'oeuvre globale ...

Film Socialisme Godard nous enfume ? *

Pardon ? Oui, c'est bien vous qui me critiquez ? Peut être pas ... Je n'aime pas Hitler. Staline ne jouait pas au tennis. Cathy Tanvier, si. Pourquoi Socialisme ? Parce que Patty Smith. Pourquoi Patty Smith ? Parce qu'elle était là. Pourquoi un film ? Parce que Cannes ... Sinon rien de neuf, JLG n'est pas revenu ... On sourit, on réfléchit, on note quelques références, certains crient au génie pour se faire remarquer, d'autres s'outrent de ne rien comprendre et nous alors ? Bah on ne déteste pas, mais on n'aime pas quand même. Peut donner des idées, voilà tout. Dire de JLG que son film est commun et ordinaire, voire normal, n'est-ce pas une vraie critique ?

Un homme qui crie n'est pas un ours qui danse Cinéma Afrique ***


Ce film gagne à être vu, son propos est fort, son sujet grave, et le regard porté n'est pas le regard européen, miséricordieux, épinalien ou enjoliveur. L'acteur principal aurait mérité le prix d'interprétation. Le film pêche parfois dans le rythme, mais la technique filmique est bonne, et la photographie par exemple très intéressante. A l'image de White Material de Claire Denis, on sent l'Afrique. Et rien que cela vaut le coup.

Tournée *** Amalric est aussi un cinéaste !

Nous ne savions pas ce qu'attendre de ce film de Mathieu Amalric. Et cela est très certainement une condition pour l'apprécier justement. Car Tournée est avant tout une mise en abîme, un show filmé, un show qui se cherche, qui déambule; qui use les lumières et joue de tout ce qui brille. L'éclat, le brillant, le strass, les paillettes sont questionnés, au travers d'un personnage aigri et blessé, un ancien show-man à succès à qui on a retiré justement les moyens de son succès. Succès aveuglant qui a fait de lui un saltimbanque dépassé par la vie, mais qui vit pourtant. On apprèciera surtout dans "Tournée" le côté valse des humanités, le côté exploratoire et l'absence de messages de vérités tous faits. Les émotions sont au rendez-vous, on sourit, on s'attendrit, on suit les évolutions et les questionnements des acteurs, et actrices. N'est-ce pas cela le New Burlesque au final ? Le rythme en tout cas est très bien choisi, et Amalric montre qu'il possède un oeil précis, celui d'un cinéaste.

Poetry *** un portrait coréen


Poetry aurait été ma palme par dépit. Nulle révolution cinématographique. Mais le parti pris scénaristique est particulièrement intéressant; le portrait de cette femme du troisième âge en proie à des doutes existentielles est un magnifique sujet, et le parallèle avec la poésie particulièrement touchant. Le film laisse une empreinte, marque les esprits en douceur; on s'attache à ce petit bout de femme. Nous reconnaissons là toute la qualité du cinéma asiatique, capable de nous intriguer par une vision en décalage avec la vision occidentale. Le temps qui passe n'est pas tellement ici questionné, mais celui qui est passé si. Un beau film à défaut d'être un chef d'oeuvre, mais la sélection n'en comportait pas.

Biutiful ** à trop en dire on en dit moins

Inaritu a cette particularité que chacun de ses nouveaux films est moins bon que son précédent. Biutiful démarre déjà avec un handicap pour nous francophones, pourquoi devrions nous apprécier que la racine originelle du mot beautiful soit ainsi escamoté pour laisser place à une sonorité bien plus anglaise. Beau est plus agréable à l'oreille que biou me semble-t-il.
L'effet, puisque c'est bien de cela qu'il s'agit, n'est pas complètement maîtrisé. Il en est ainsi de tout le film "Biutiful" qui, s'il n'avait pas cherché à tout prix à rajouter du pathos au pathos, aurait pu laisser place à un portait sensible, ou à un propos militant. Nous avons surtout vu des effets, et étrangement ces derniers produisent parfois les effets inverses que leurs intentions initiales: là où on devrait pleurer ou s'émerveiller on se blase. Javier Bardem a obtenu le prix d'interprétation, et pourtant sa composition n'a rien d'exceptionnelle, il incarne juste une sorte de robin des bois aux abois. Il serait exagéré de dire que "Biutiful" est un mauvais film, mais en tout cas, il est décevant de la part d'Inaritu dont on sait qu'il a à ses débuts apporté un souffle, certainement pas de fraîcheur, mais en tout cas dans la façon de raconter un évènement, dont on a pensé qu'il proposait une nouvelle modernité, et dont on constate que son inspiration ne se renouvelle pas.

Another year * un mike leigh plutot insipide et insulaire

Une petite comédie très anodine, ni drôle ni ratée, qui parlera beaucoup plus au britannique moyen critiqué mais qui ne s'y reconnaitra peut être pas, qu'à une population cinéphillique qui attend d'un film sélectionné au festival de Cannes qu'il surprenne.
Autant "Be happy" était fort sympathique, autant "Another year" est insipide.

mardi 8 juin 2010

Uncle Boonmee who can recall his past lives d'Apichatpong Weerasethakul ***

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Oncle Boonme, le personnage du titre, est sous dialyse et sent sa fin venir. Un soir, alors qu'il est à table, sa femme défunte lui apparaît...
Oncle Boonme, Palme d'or 2010, est un film trip. On l'a comparé à 2001 : Odyssée de l'espace, à raison. L'histoire est inracontable, on sort de ses repères coutumiers, mais le cinéaste nous emmène dans un voyage inédit, dans le jamais vu, installant un rythme hypnotique qui lui est propre. On assiste à un voyage dans le temps, y compris dans les temporalités parallèles sans jamais perdre le fil. Les poissons chats parlent, les singes sont des fantômes anciennement humains. Sur la dernière partie du film, il y a quelque chose de la vidéo d'art plastique -et pour cause, l'auteur donne aussi dans cette discipline. La photographie n'est pas si belle que ça, elle est plutôt rudimentaire. Les effets spéciaux sont vintage. Ceci, plus le manque de repères pour l'occidental, peut expliquer pourquoi le film, lors de sa projection, a reçu un "mauvais" accueil : certes, ceux qui applaudissaient le faisaient d'une très manière soutenue, mais nombreux étaient les sifflets, sans parler des gens quittant la salle, furieux, durant la projection.
Il n'en reste pas moins qu'Oncle Boonme est un bon film. Pas forcément universellement accessible, mais qui offre un spectacle planant et inédit pour qui consent à s'y abandonner.

Rebecca H. (Return to the dogs) de Lodge Kerrigan


Rebecca H. (Géraldine Pailhas) est un paumée qui veut partir en Amérique pour faire chanteuse. Mais il y a aussi le personnage de Géraldine Pailhas joué par cette dernière qui doit interpréter, sous la direction de Lodge Kerrigan, le biopic d'une chanteuse américaine des 70's... Rebecca croise Géraldine par le biais d'une télvision. Est-ce que Rebecca H. est le double de Géraldine ou est-ce que Géraldine a juste interprèté le rôle de Rebecca ?
Lodge Kerrigan (Claire Dolan) était très attendu au Festival... Rebecca H. est une commande tombée à l'eau. Avec le matériel filmique dont il dispose, Kerrigan nous fait le coup de la mise en abîme et de l'opacité Lynchienne. Las ! On a l'impression de voir les rushes d'un film inabouti... Le film tourne en rond. L'ennui et l'énervement s'invitent malgré toute la bonne volonté qu'on y met. Un film exceptionnellement mauvais.

mardi 20 avril 2010

New york I love you *




Le concept de Paris je t'aime, cette fois sur la ville de New York : une série de courts métrages, réalisés par divers auteurs, dont des acteurs (ici Yvan Attal et Nathalie Portman). De même que le 1er concept (des histoires liées à la ville de Paris) le résultat est inégal. D'autant plus que les histoires, de pattes très différentes, sont artificiellement liées pour créer un ensemble homogène -lien factice et vain pour des univers si différents. On ressort cependant enchanté de cet entreprise inégale, de par le regard "exotique" posé sur une ville non moins "exotique" pour les français que nous sommes. Et c'est un français, justement, qui s'en sort le mieux : Yvan Attal, qui continue dans son obsession de la pérennité du couple et de la séduction, thématique déjà usée chez lui mais si gracieusement interprétée par Robin Wright Penn ou Ethan Awke. D'autres sckeches, bien que pas forcément de meilleur goût (Brett Ratner) ou réussi (Nathalie Portmann en juive orthodoxe ou Shu Qi en muse mystérieuse) nous donne à voir des acteur magiques dans une ville magique. Le principe même de variété nous porte d'un univers à un autre. Aussi quitte-t-on un univers peu crédible pour un autre plus attrayant, le tout dans des jolies photographies avec de grands acteurs parfois rares (Elli Wallach, 93 ans). C'est déjà ça.

8 fois debout **

Critique à venir. Un premier film qui alterne du bon et du moins bon, pas à la hauteur des références parfois citées ici ou là. Performance intéressante de Julie Gayet.

Domaine *

Critique à venir. Béatrice Dalle dans un film plutôt pompeux, avec une composition certes intéressante mais peu poignante.

dimanche 11 avril 2010

Ajami, encensé certes ... *

Caméra d'or à Cannes, nommé pour le meilleur film étranger aux Oscars, des distinctions dans de nombreux festivals; film co-réalisé par deux citoyens Israeliens, l'un juif l'autre arabe, qui reçoit de façon quasi unanime dans la presse une excellente critique, nous nous attendions à un "masterpiece", à une oeuvre emprunte d'originalité, de sensibilité, ou bien à une oeuvre choc. En sus, la production cinématographique Israelienne de ces dernières années, nous a valu quelques pépites - l'art et la réflexion étant d'autant plus utile là où le social et le politique émeuvent, théâtre majeur du schiste des religions.
Cette carte de visite finalement élogieuse peut-elle, a fortiori, influer (négativement) notre regard ? certainement.
Ajami est le nom d'un quartier de Jaffa, au sud de Tel Aviv, l'un des rares quartiers où juifs et arabes cohabitent en Israël. Scène idéale pour ce projet, dont la genèse remonte à 2002, quand Yaron Shani, Israélien, juif, rencontre Scandar Copti, citoyen d'Israel arabe de confession chrétienne et porteur de projet vidéo.Ensemble, ils décident de monter un film qui relate la cohabitation dans le territoire d'Israël, sur un mode cinéma vérité, avec des acteurs qui n'en sont pas (immense casting ayant duré plus d'un an !) et dont l'émotion ne soit pas feinte - le film est tourné de manière chronologique, pour que les acteurs découvrent le film au fur et à mesure et que les émotions soient les leurs et non celles de comédiens préparés.
La mise en scène sera pédagogique vous diront certains, calqué, imité, alambiqué vous répondrais-je.
5 chapitres convient les personnages centraux de cette histoire, noire au possible, basée sur des relations de pouvoir, le banditisme et son lot de meurtres, sur fond de conflits communautaires, de règlements de compte, de trafic de drogue. La chronologie est déroutante, les histoires s'imbriquent les unes aux autres. Cela peut fasciner, ajouter une dimension mystérieuse.
Parmi les nombreuses éloges, beaucoup se réfèrent à des analogies, les plus fréquentes étant Gomorra ou Amours Chiennes. D'un point de vue montage, la comparaison avec 21 grammes, par exemple, est aussi possible, mais ce qui innove apporte, ce qui imite déçoit, ou leurre.
En analogie avec Un Prophète, Ajami est un film basé sur une réputation, une sorte d'objet dont il semble, tant ils fédèrent, qu'ils bénéficient d'une impunité bien-pensante. Et pourtant, faut-il taire que comme pour Un prophète le film est d'une noirceur scénarisée à l'extrême, à en être caricaturale bien plus que précise, faut-il taire que le film surfe sur le créneau de la violence établie; innée, sans point de vue - ce qui n'est pas nécessairement un mal ou une finalité -  mais surtout sans profondeur.

A choisir, ne faut-il pas préférer les discours trompeurs, erronés, mais courageux, qui engagent leurs auteurs ? Ici le sujet semble finalement volontairement évité; sous prétexte de complexité, de terrain miné, et se pose alors la question de la dimension réelle de l'oeuvre ... Certainement pas politique, encore moins philosophique, absolument pas poétique, évidemment pas comique, pas franchement divertissante, peu émouvante. Non, il reste le thriller, le suspense, le drame, la violence, l'action, le prosaïsme, et peut être plus encore le jeu de cluedo, puzzle menteur pour comprendre. Avec la grille de critique qu'il convient d'appliquer à cette catégorie, Ajami est certainement honorable, mais vous l'aurez compris, ce billet aurait souhaité que la grille à appliquer fusse différente. On m'aurait menti ...