vendredi 27 février 2009

Bellamy, bon Chabrol !

Depardieu-Cornillac : aime ton frère

Vous ne savez pas voir, nous dit Chabrol. Ce qu'on voit d'abord c'est le volume d'un Depardieu qui n'a jamais été aussi imposant physiquement mais aussi son talent tout en nuances et sensibilité. Certes, on l'avait vu très impressionnant dans Mesrine notamment, mais cela faisait longtemps qu'il n'avait pas tenu un film entier de ses épaules. On retrouve ici ce charisme qui est le sien depuis quelques années, propre aux personnages qui ont de la bouteille -sans mauvais jeu de mots.
En effet, que ce soit dans 36 quai des Orfèvres, Mesrine, Diamant 13, il possède désormais une aura analogue à celle de Gabin dans des rôles de flic ou de voyou.
Il sera flic, commissaire célèbre plus précisément, dans ce beau portrait qu'est Bellamy. Depardieu qui a tourné avec les maîtres Ferreri, Pialat, Godard ou Truffaut, n'avait étrangement jamais travaillé avec le dernier survivant de la Nouvelle Vague.

Chacha et Gérard s'éclatent sur le tournage

Le voici donc en commissaire Bellamy, un type en vacances et fou amoureux de sa femme, un homme apparemment heureux qui verra un auto-désigné coupable (Jacques Gamblin) se présenter à lui et aussi son jeune demi frère (Clovis Cornillac) débarquer dans sa maison de vacances Nîmoise.
Un pur Chabrol en ceci : bourgeoisie de province, bonne bouffe, musique de Chabrol fils. Et une nouvelle jolie jeune première. Après Virginie Ledoyen, Anna Mouglais, Mélanie Doutey, Laura Smet, c'est Vahina Giocante qui s'y colle. Une actrice qu'on aimerait cependant voir dans d'autres rôles que celui de la jeune femme sexy et plate -sans oxymore.

L'intrigue policière s'avère rapidement dérisoire, avec un Jacques Gamblin qui en fait des tonnes dans un -un seul ?- personnage analogue à celui que tenait Magimel dans La fille coupée en deux. Chacha -car c'est son sobriquet- s'est mis aux personnages grimés de type La môme ou Mesrine. Les maquillages sont bien faits mais gênent, surtout dans un univers aussi réaliste.
L'intrigue sentimentale, celle des rapports entre Bellamy et sa femme, mais surtout son frère, prend à la gorge. Le face à face des deux frères n'est pas sans rappeler les rapports que l'on prêtait aux Depardieu père-fils. Avec de très beau plans, aussi beaux que celui de la goutte de sang dans Le Boucher. Des images qui restent en tête. Et une fin inattendue, un twist qui nous dévoile un abîme psychologique et dramatique qui nous serre la gorge au point d'en pleurer. Oui.





Aucun commentaire: